son histoire/ the path

à Romainville

« L’an dernier à Romainville, Emmanuelle Piquart présentait sa collection de «crapouilles», une foule de petites têtes de terre cuite : des imbéciles heureux, débonnaires, parfois anxieux et renfrognés. Aujourd’hui, l’artiste présente une pièce à l’exact inverse des crapouilles : une tronche à 200% !
Le sujet de l’artiste est alors évident : l’état des âmes.
On se souvient de cette série de portraits de simplets de Delacroix, puis des photographies que le Dr Charcot présentait comme des évidences plastiques des tortures mentales. On s’attache très vite aux crapouilles. Chacune n’est pas sans rappeler les personnages que Brueghel aimait disperser dans ses scènes. Emmanuelle Piquart fait de même tout en représentant à la loupe chacun d’entre eux. On devine presque les cervelles. L’échelle des sculptures et la manière de rendre les chairs nous oblige à plonger dans le regard du sujet.
Avant de se faire ange, l’humain n’est qu’un tas de doutes, d’interrogations, d’emportements ; une succession de moments fugaces qui vont de l’extase à la pire des tristesses. La super crapouille rend hommage à genre particulier : celui du très grand pudique, le naïf intégral qui se drape dans une apparente dureté. Qu’a-t-il dans la tête ? Cette énorme crapouille n’est qu’un zoom sur un état d’âme, extrait du catalogue que l’artiste s’emploie à dresser depuis quelques années. »
//

« Last year in Romainville, Emmanuelle Piquart introduced her “Crapouilles” collection, a crowd of small ceramic heads: Happy dummies, easy-going, sometimes anxious and sulky. Today, the artist introduces an exactly opposite piece: a 200% figure! The artist’s subject is obvious then: A statement of the souls. We remember this series of simpletons’ portraits from Delacroix, and then those photographs, which Doctor Charcot introduced as plastic evidence for mental tortures. The Crapouilles soon become utterly engaging. They are not without affinities to those characters with which Brueghel peopled his sceneries.

Emmanuelle Piquart does the same, but through a magnifying glass. The brains could almost be imagined. The scale and her style to mould the flesh, make us enter their sight.

Before being an angel, the human being is but a heap of doubts, questions, transports; a stream of fleeting glimpses from ecstasy to despair. The Super Crapouille pays homage to a particular genre: the great modest, the complete naive draped in toughness. What has he got in mind? This enormous Crapouille focuses on a mood drawn from the artist’s work over the past few years.  »

Vincent Espagne, 2003

©ADAGP, Paris, 2016.